L’automatisation des emplois a façonné notre manière de travailler et continue de le faire. Les changements engendrés par l’automatisation peuvent avoir des effets rapides et vraiment déstabilisants sur des emplois, des entreprises et même des secteurs entiers. Dans d’autres cas, l’automatisation s’implante de manière plus subtile ou plus lente. Dans tous les cas, elle peut susciter un certain malaise.
L’automatisation des emplois constitue un avantage pour de nombreux professionnels, car elle leur donne l’occasion de délaisser la routine et les tâches prévisibles pour se consacrer à des projets plus créatifs, plus novateurs et à plus grande valeur ajoutée pour l’entreprise. Afin de réussir cette transition, les employés doivent trouver de nouvelles façons de diversifier leurs compétences. Dans le cas contraire, l’automatisation des emplois leur fait courir un risque important : devenir désuets dans un milieu de travail de plus en plus dominé par les technologies.
Heureusement, il y a de fortes chances pour que beaucoup d’employeurs reconnaissent l’importance d’aider leurs employés à s’adapter aux changements liés à l’automatisation des emplois et aux technologies émergentes comme l’intelligence artificielle (IA).
Seul 1 % des 305 gestionnaires canadiens interrogés par Robert Half dans le cadre de notre nouveau rapport, Les emplois et l’anxiété causée par l’IA, ont déclaré que seul l’employé avait la responsabilité d’acquérir les compétences nécessaires pour travailler avec les nouvelles technologies. En revanche, 44 % ont déclaré qu’il incombait principalement à l’entreprise d’aider les employés à s’adapter, tandis que 39 % ont déclaré que ce n’était pas à sens unique. De plus, 14 % des gestionnaires ont déclaré que les employeurs assumaient l’entière responsabilité d’aider les employés à acquérir de nouvelles compétences.
Formation proactive et transparence pour faciliter la transition
Lorsqu’on leur demande de quelle manière ils prévoient d’améliorer les compétences technologiques de leurs employés, 64 % des gestionnaires que nous avons interrogés ont invoqué la formation comme solution. Mais de nombreux gestionnaires considèrent également que l’adaptation en douceur des membres de leur équipe aux nouvelles technologies ne se fera pas sans embûches – à commencer par la résistance aux changements de la part des employés.
La résistance est souvent enracinée dans la peur de l’inconnu. C’est pourquoi il est essentiel que les employés posent des questions de manière proactive au sujet des projets d’automatisation des emplois de leur entreprise – et que les entreprises soient aussi transparentes que possible sur les changements qui se profilent à l’horizon.
Comme l’indique le rapport Les emplois et l’anxiété causée par l’IA, il n’est jamais bon de rester là à attendre que des changements se produisent. Cela signifie que les gestionnaires devraient agir maintenant pour mieux comprendre la manière dont les technologies transforment leur milieu de travail.
Un autre message que véhicule le rapport est que les employés qui veulent faire face au risque lié à l’automatisation des emplois devraient tout faire pour assurer la longévité de leur carrière. Cela comprend le fait d’être ouvert aux changements positifs que les technologies peuvent apporter à leur emploi.
Citons, à titre d’exemple, l’automatisation des processus robotisés (APR). Les technologies peuvent stimuler la productivité des employés en laissant les robots (robots logiciels) s’occuper des tâches de base qui prennent beaucoup de temps comme la saisie de données et le rapprochement des registres comptables. En matière d’automatisation des emplois, l’APR est un domaine en pleine évolution.
Afin de se préparer aux changements, les professionnels devraient chercher à répondre à des questions comme : « Quelles conséquences l’APR peut-elle avoir sur mon travail? » et « Si j’avais plus de temps, qu’est-ce que je pourrais faire de plus dans mon emploi et pour mon entreprise? ». Mais surtout : « De quelles compétences aurai-je besoin? ».
De plus, les employés (et les employeurs) devraient penser aux nouveaux emplois que l’APR pourrait créer. Le rapport Les emplois et l’anxiété causée par l’IA donne l’exemple d’un directeur de technologies pour le service des ressources humaines qui serait chargé d’assurer la maintenance et la mise à jour de l’APR et des autres outils utilisés par ce service pour des activités comme la gestion des déplacements et des dépenses, l’accueil et l’intégration de nouveaux employés ainsi que l’approvisionnement en matériel informatique. En sachant que l’APR est déjà utilisée dans le cadre de ces processus, on peut s’attendre à bientôt voir apparaître le poste de directeur de technologies pour le service des ressources humaines.
Pour les employeurs, une stratégie claire d’automatisation des emplois est essentielle
Il existe un risque lié à l’automatisation des emplois que les employeurs voudront éviter, celui de ne pas réfléchir à la manière d’aborder l’automatisation, qu’il s’agisse de l’APR ou de l’automatisation des processus d’affaires (cette dernière porte sur l’utilisation de logiciels pour améliorer et simplifier la façon dont les processus d’affaires sont exécutés par des gens dans l’ensemble d’une entreprise).
Certains des experts en technologies et en affaires interrogés dans le cadre du rapport Les emplois et l’anxiété causée par l’IA ont souligné l’importance de disposer d’un plan précis pour n’importe quel type d’automatisation des emplois – et pour l’introduction d’autres types de nouvelles technologies au sein de l’entreprise, comme l’IA et l’apprentissage automatique. Cette stratégie peut permettre d’améliorer la réussite des initiatives numériques, en particulier d’un point de vue de la gestion des changements.
La création de postes qui aident à superviser l’automatisation des emplois est une autre stratégie à envisager pour gérer les changements. Par exemple, un directeur de l’automatisation intelligente pourrait conseiller les équipes internes sur les nouvelles applications de technologies intelligentes – comme la vision par ordinateur, la programmation neurolinguistique, l’apprentissage automatique et l’APR – pour améliorer l’efficacité.
Une occasion pour les employés et les employeurs de s’adapter ensemble
Les postes de directeur de technologies pour le service des ressources humaines et de directeur de l’automatisation intelligente, ainsi que d’autres postes décrits dans le rapport Les emplois et l’anxiété causée par l’IA, ne sont que quelques exemples des nombreux nouveaux postes qui vont probablement apparaître en raison de l’automatisation des emplois – et de l’IA, l’infonuagique et d’autres technologies de rupture.
Il y aura sans aucun doute aussi des suppressions d’emplois – il s’agit d’un effet secondaire fréquent des changements technologiques. Selon un rapport du Forum économique mondial (FEM), 75 millions d’emplois pourraient être déplacés dans le monde d’ici 2022 en raison d’une nouvelle répartition du travail entre les humains, les machines et les technologies dans le domaine de l’intelligence artificielle. Le FEM estime cependant que 133 millions de nouveaux emplois devraient être créés.
Nul ne possède toutes les compétences nécessaires pour réussir dans le nouveau monde du travail que l’automatisation des emplois contribue à créer. Les employés d’aujourd’hui doivent composer avec de nouvelles règles du jeu. Cette réalité offre une occasion unique pour les professionnels et leurs employés. En collaborant pour prévoir les changements technologiques et s’y adapter, les employés peuvent rester productifs et garder leur pertinence, et les entreprises peuvent s’assurer qu’elles disposent des employés talentueux pour les aider à demeurer elles aussi productives et pertinentes.
D’après notre rapport Les emplois et l’anxiété causée par l’IA, il semble que beaucoup d’employés sont prêts à saisir cette occasion : au Canada, 25 % des gestionnaires interrogés estiment que leurs équipes sont très ouvertes à découvrir les nouvelles technologies.
Alors la question pour les employeurs et les employés est la suivante : qu’attendez-vous? Ne pas se mettre sur la même longueur d’onde maintenant pour relever ensemble le défi des changements déstabilisants pourrait s’avérer le plus grand risque lié à l’automatisation des emplois.