Les meilleurs dirigeants savent quand il est temps de partir. Sophie Hauret et Fabrice Coudray, Managing Directors de Robert Half Executive Search en France, abordent quelques-uns des moments clés qui pourraient pousser un dirigeant à vouloir se retirer.
Les attentes au sommet sont élevées. Les cadres dirigeants occupent généralement leur poste pour une période de cinq, six, voire sept ans, pendant laquelle ils sont sous pression pour atteindre des résultats. Durant leur mandat, tous les yeux sont tournés vers eux au sein de l’entreprise, sur le marché et sur les réseaux sociaux. Les actionnaires, les clients et les collègues surveillent de près leurs performances et attendent la réussite avec impatience. S’ils ont de la chance, ils peuvent déterminer eux-mêmes le moment de leur départ. Mais parfois, celui-ci leur est imposé.
Dans cet article, nous examinons de plus près plusieurs moments auxquels les cadres supérieurs pourraient envisager de quitter leur poste. Ceux-ci vont des scénarios simples, tels que la réalisation d’objectifs ou la recherche d’un nouveau défi, à des situations plus complexes, comme la perte de confiance des actionnaires ou un changement dans la stratégie de l’entreprise. À ce niveau, savoir quand partir est un superpouvoir. En adoptant la bonne approche, vous resterez employable, flexible et agile. Une mauvaise estimation peut quant à elle faire prendre à votre carrière une tournure inattendue.
Mission accomplie
Commençons par un scénario positif : un dirigeant est chargé de transformer une entreprise, par exemple par une série d’acquisitions. Admettons qu’il dispose de deux ou trois ans pour réaliser les acquisitions et de deux années supplémentaires pour les intégrer. Une fois ces objectifs atteints, il est souvent temps de quitter le poste de direction. Certains pourront rester pour diriger une nouvelle phase de croissance, mais la plupart seront prêts à relever un nouveau défi.
C’est clairement un exemple de motif de départ positif, et peut-être le plus simple. Mais il en existe d’autres, moins univoques. Imaginez que vous ayez été spécifiquement engagé pour atteindre un objectif précis, mais que les actionnaires changent brutalement d’orientation stratégique. Cela peut indiquer que le moment est venu de prendre votre départ, même si l’objectif initial a été atteint avec succès.
Perte de confiance
Pour être un dirigeant fort, la confiance est primordiale. Un manque de confiance peut en effet vous compliquer la tâche. Imaginez le scénario suivant : un nouveau CEO rejoint une organisation dotée d’une équipe de direction bien établie, d’un conseil d’administration solide et d’une stratégie claire.
Quelques semaines plus tard, le CEO décide de retirer une personne de l’équipe. Les actionnaires sont en total désaccord avec cette décision et tentent activement de la contrer. La tension monte immédiatement au sommet. Que doit faire le CEO ? Sans la confiance des actionnaires, il devient pratiquement impossible d’exécuter les plans. Lorsque la politique interne joue un rôle à ce niveau, il est sage de le reconnaître et d’envisager rapidement de démissionner de son poste de direction.
Nouvelles opportunités
L’importance des valeurs personnelles ne doit pas être sous-estimée. De plus en plus de cadres dirigeants recherchent des postes en phase avec leurs propres valeurs et sont attentifs à l’impact social et écologique. Beaucoup attachent également de l’importance à un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée afin de pouvoir passer plus de temps avec leur famille et ne pas avoir de regrets plus tard. Lorsque les cadres dirigeants ont une révélation personnelle qui ne correspond pas à l’orientation stratégique de l’entreprise, ils se mettent souvent à chercher une porte de sortie qui correspond mieux à leurs valeurs.
Comment les valeurs et les motivations personnelles influencent-elles la prise de décision ?
Bien que les compétences et l’expérience restent essentielles pour diriger une entreprise, les facteurs personnels jouent un rôle clé dans les choix de carrière. Deux personnes avec une expérience similaire ne conviendront pas nécessairement au même poste. Nous constatons régulièrement que les aspirants dirigeants, après des années de dévouement, décident d’assumer un rôle différent parce qu’un poste de direction ne leur convient pas.
Il est donc crucial que les futurs dirigeants évaluent dès le départ les motivations intrinsèques et extrinsèques, les valeurs de leadership et l’éthique de l’entreprise. Ces éléments réunis forment la base de leur réussite, et de celle des autres.
Héritage personnel
Avoir le choix de partir est un privilège, mais il est important de choisir le bon moment. Lorsque les cadres dirigeants réfléchiront à leur mandat, il y aura de nombreuses raisons personnelles et professionnelles de partir. Leur choix de quitter un poste de direction affectera non seulement leurs perspectives d’avenir, mais aussi, dans de nombreux cas, l’héritage personnel qu’ils souhaitent laisser derrière eux.
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